[Julio]

Le célèbre chocolat au triangle fête ses 100 ans. Retour sur une légende vendue à 7 milliards d’exemplaires en 2007.
Les légendes sont bonnes pour les affaires! Et le marketing de les amplifier lorsqu’elles servent si bien un produit. Ainsi, on a longtemps cru que c’était le Cervin qui avait accouché d’un Toblerone. La forme des deux icônes helvétiques se mariant parfaitement.

La véritable histoire de celui qui allait devenir le plus grand ambassadeur suisse dans le monde a enfin été révélée hier, à l’occasion d’une conférence de presse pour les 100 ans de Toblerone. En bon historien, Andreas Tobler, petit-fils de Theodor Tobler, a brisé le charme. «Le Cervin n’a pas servi de modèle au Toblerone. C’est le marketing, dans les années 1920, qui a associé les deux emblèmes.»

N’en déplaisent aux Valaisans, Toblerone est Bernois et fier d’être natif de la capitale. Un ours, ainsi qu’un aigle transportant les drapeaux suisses et bernois, furent les premiers emblèmes du célèbre chocolat. Et ce n’est que dans les années 1970 que la montagne valaisanne est devenue omniprésente.

L’historien, coauteur du livre 100 ans, Toblerone paru hier, s’approche le plus possible de la vérité. «Mon grand-père, décédé avant ma naissance, était franc-maçon. Le triangle pourrait être une illustration de cette appartenance, puisque cette forme symbolise pour eux la flamme.»

Mais la vérité est peut-être bien plus profane. «Avant la naissance du Toblerone, une poudre chocolatée au nom de Delta Peter était commercialisée dans des emballages triangulaires. C’est peut-être ce produit qui a inspiré Theodor, mon grand-père.» L’homme est décédé en 1941, en emportant le secret de son inspiration avec lui.

En revanche, l’origine de la recette est connue et attestée. C’est le cousin de Theodor Tobler, Emil Baumann, qui découvre un nougat spécial lors d’un voyage en Alsace, en 1908. A son retour, les deux cousins se réunissent dans la cuisine des Tobler et sortent les casseroles pour créer une recette de chocolat au lait intégrant la masse blanche au miel et aux amandes. Cette recette et cette forme nouvelles valaient bien toutes les protections. Le fondateur des chocolats Tobler dépose un brevet en 1909 déjà.

Chocolat le plus exporté

Reste le nom… Toblerone n’est pas né de l’anglicisme «Tobler-One». Ce néologisme vient de la contraction de Tobler et de torrone, nougat en Italien. «Aujourd’hui, Toblerone est le chocolat le plus exporté de Suisse, se réjouit Daniel Meyer, directeur général de Kraft Foods Suisse. Et, en 2007, nous avons produit un peu plus de 7 milliards de triangles. Un record!»

Avant d’atteindre ce sommet de production, la firme aura traversé les péripéties de l’histoire du XXe siècle. Après la Première Guerre mondiale, Tobler connaît une phase d’expansion jusqu’à la crise économique des années 1920. En 1931, Theodor Tobler doit quitter l’entreprise. C’est le notaire bernois Otto Wirz qui est mandaté par les banques, désormais propriétaires, pour assainir la société.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la société reprend vie grâce aux filiales à l’étranger. Ainsi, en 1947, Toblerone fait partie de l’assortiment du premier «Duty Free Shop» du monde, ouvert en Irlande. Aujourd’hui, il n’existe presque aucune boutique hors taxes sans un stand dédié à ce produit.

En 1982, Jacob et Suchard Tobler s’associent, puis c’est au tour la multinationale Philip Morris, en 1990, de craquer pour la célèbre douceur et de l’intégrer à sa branche alimentaire Kraft Foods. Dès 1991, l’entier de la production mondiale est rapatrié à Berne, où l’usine tourne 24?h/24, 7 jours/7.

Pour cette année festive, les propriétaires de la marque ont voulu réunir tous le pays à l’ombre des triangles en montant une exposition itinérante qui voyagera dans tout le pays, ainsi qu’à Cologne et à Vienne. Genève, seule ville étape en Suisse romande, la découvrira cet automne.

[GIGI]

Rhoooo c'est bon ce chocolat